Si on aime le voyage et ses expériences uniques, mais qu’on est conscient des impacts délétères du tourisme sur notre environnement, on peut réfléchir à un tourisme écoresponsable. Une manière de voyager un peu différente pour concilier découverte et respect de la planète ! Un tourisme moins destructeur est-il possible ? Comment voyager sans polluer ? Quelles sont les bonnes pratiques du touriste écoresponsable ? Voilà mes conseils pour un tourisme durable !
Les différentes formes du tourisme éco-responsable
Réfléchir à un tourisme du futur nécessite de revenir à la racine : qu’est ce qui définit le tourisme ?
Au-delà du voyage, le tourisme a pour origine la découverte. On n’est pas juste touriste pour voyager, pour partir loin, mais plutôt pour découvrir quelque chose qui nous est inconnu. En réalité, on est touriste à partir du moment où l’on n’est pas chez soi, où l’on prend part à un quotidien qui n’est pas le nôtre. D’où l’expression « venir en touriste » quand on se retrouve au milieu d’une soirée ou d’une réunion où on ne comprend rien, où on ne se sent pas vraiment à sa place. Cette nouvelle définition du voyage donne alors lieu à plusieurs possibilités de tourisme durable.
Le tourisme de proximité, voyager près de chez soi
La première source d’émission de gaz à effet de serre du tourisme étant le transport, il parait évident de développer le tourisme de proximité(1).
Faut-il vraiment partir loin pour recevoir le titre de touriste ? Une randonnée dans sa région, suivie d’une nuit en Couchsurfing ou AirBnb est un voyage comme un autre. Ce qu’il faut se demander, c’est que si nous ne connaissons déjà même pas notre voisinage, notre région alors pourquoi vouloir voyager si loin ? Tant de découvertes et de dépaysements sont disponibles près de chez nous. Pour s’immerger dans d’autres « cultures », pourquoi ne pas essayer de participer à des conférences sur des sujets que nous ne connaissons pas, rejoindre des rencontres de groupes de discussion sur des sujets inédits, tester des enseignes chez qui on n’a jamais osé aller, etc. On peut aussi, en tant que touriste écoresponsable, prendre le bus ou le train pour la ville d’à côté et profiter de quelques jours de promenade.
Le tourisme rural, voyager sans polluer
Quand on part en voyage c’est souvent dans une grande ville ou sur une plage très fréquentée. Pourtant, le tourisme rural apparaît comme un moyen efficace de dynamiser des zones isolées tout en offrant une expérience inédite au tourisme. Le système a par exemple été testé dans un village de Corée où le tourisme devient un outil de développement social et économique « bottom up » (du bas vers le haut). Pour attirer les touristes écoresponsables, le village met en valeur la culture, les ressources et les connaissances locales(2). Le défi est donc de promouvoir efficacement la découverte du mode de vie rural et ses coutumes.
Tourisme d’expérience, d’immersion et de rencontres
Le tourisme d’expérience est également souvent avancé comme une alternative durable(3). De plus en plus, les touristes veulent des souvenirs plutôt que des possessions matérielles. On peut alors leur proposer une immersion totale : marcher sur les sentiers forestiers, profiter de piscines naturelles, vivre au rythme des cultures et traditions locales… Ces activités alternatives permettent de voyager sans polluer, plutôt que coloniser l’endroit avec des structures et habitudes purement touristiques.
Trop souvent, les touristes se voient offrir un monde imaginaire où tout ce qu’ils font, voient et ressentent a été soigneusement créé selon ce qu’ils s’attendaient à faire, voir et ressentir en partant en voyage. C’est pourquoi une offre plus authentique, plus réelle permettrait d’une part de simplifier les voyages et structures touristiques mais également de nous ouvrir, en tant que touriste écolo, à une réflexion plus globale sur le monde et les différences entre pays. L’accent serait alors mis sur les rencontres, le partage, les traditions… qu’on peut alors retrouver tout près de chez soi et en total respect avec la nature(1) !
Quelques exemples avec mes voyages responsables
Pour donner des exemples concrets de toute cette théorie, voilà quelques voyage que j’ai réalisés avec l’intention de réduire mes impacts environnemental et social négatifs.
- Un mois de wwoofing au Luxembourg : c’est pas loin, ça aide une ferme, ça me fait apprendre de nouvelles habitudes et connaissances.
- Voyage à la découverte des écolieux de France : en stop, en train, à pied, je vais à la découverte de différents collectifs qui contribuent à leur territoire.
- Voyage en Grèce, sans avion : je te partage mon itinéraire, mes bons conseils. Et ici, je te montre comment le trajet fait partie du voyage, avec plein de belles histoires glanées sur la route.
Les meilleurs conseils de tourisme durable
Les conseils pour adopter le tourisme durable concernent souvent notre manière de nous déplacer, nos achats ou notre destination. J’aimerais axer ce guide du tourisme éco-responsable sur notre attitude, en tant que touriste. Quelle position adopter pour voyager sans polluer ?
Touriste engagé : agir pour ses convictions écologiques
Il me semble qu’à court terme, un tourisme « utile » est nécessaire. Il peut être utile par exemple si le touriste engagé se donne pour objectif de réparer un espace naturel abîmé : ramassage de déchets en particulier, mais aussi pourquoi pas aider les autorités locales à replanter des arbres en vue de reconstruire un écosystème.
Un tourisme qui pourrait avoir encore plus d’impact, je pense, serais un tourisme de sensibilisation écologique. Aujourd’hui, avec la portée des réseaux sociaux et la rapidité de dissémination des messages, une personne constatant les impacts du tourisme, ramassant les déchets d’une plage et communiquant les photos sur les réseaux sociaux par exemple, pourrait faire prendre conscience à de nombreuses personnes de l’impact de nos modes de vie à l’autre bout du monde, mais aussi l’impact environnemental du tourisme lui-même. On pourrait également imaginer un influenceur visitant les initiatives durables à travers le monde ou testant les structures de tourisme alternatives et plus respectueuses de l’environnement et de l’éthique… Tout cela avec prudence pour ne pas créer un phénomène de masse sur des milieux qui deviendraient nouvellement célèbres !
Même à l’échelle personnelle, le voyage peut être à l’origine d’une prise de conscience. Les randonnées, la découverte de paysages magnifiques, de zones presque sauvages… bref la reconnexion avec la nature peut donner envie d’en protéger les merveilles.
Touriste responsable : écolo même à l’étranger
Le touriste responsable fera l’effort d’appliquer son mode de vie respectueux de l’environnement même en vacances. Choisir des structures en accord avec ses valeurs éthiques et environnementales, voyager léger et avec le nécessaire pour appliquer un mode de vie zéro déchet (gourde, sacs en tissus, serviettes en tissus, couvert en bois et boites en métal ou verre pour manger à l’extérieur, savon et shampoing solides par exemple), raisonner ses moyens et distances de transport, etc. En dernier recours, il peut également choisir de compenser ses émissions carbones sur des sites tels que Good Planet, Co2 Solidaire ou Viridi. Les sites permettent de calculer l’équivalent carbone émis par son voyage (ou son mode de vie au quotidien !) et de donner une somme proportionnellement, qui sera investie dans un projet à forte valeur environnementale (plantation d’arbres ou promotion d’énergies décarbonées par exemple). Voilà un bon conseil de tourisme durable !
« Take nothing but pictures. Leave nothing but footprints. Kill nothing but time »
Ne prend rien d’autre que des photos. Ne laisse rien d’autre que des trace de pas. Ne tue rien d’autre que le temps.
Enfin, sur chacune de ses destinations, le touriste responsable devra veiller à ne pas impacter l’environnement et la biodiversité : ne pas laisser de déchets, arracher ou écraser de plantes, etc. « Ne prend rien d’autre que des photos » incite aussi à se passer des nombreuses brochures mises à disposition, les portions individuelles d’alimentation ou de soins dans les hôtels.
Bon à savoir : Le site Tourisme Durable donne beaucoup d’exemples de bonnes pratiques.
Touriste occasionnel : changer sa vision du voyage pour un tourisme plus durable
Pour diminuer l’impact environnemental de ses voyages, on peut aussi partir moins mais éventuellement plus longtemps. Plutôt que partir tous les ans voire plusieurs fois par an, un week-end ou une semaine à chaque fois, on pourrait économiser ses finances et ses jours de vacances, pour organiser un long et grand voyage une fois tous les 5 ans par exemple. Ce tourisme durable évite ainsi les émissions de chaque trajet. Le voyage redeviendrait alors quelque chose d’exceptionnel, apprécié à sa juste valeur. Il ne s’agit pas pour autant de travailler sans s’arrêter pendant 5 ans, mais de remplacer le voyage par des visites de sa région ou la découverte de nouvelles activités à proximité.
Touriste lent : voyager sans polluer, savourer le temps
Le tourisme actuel est souvent contradictoire : on veut voyager rapidement puis prendre son temps sur place et se détacher du défilement des heures. Prendre l’avion est symptomatique du « tout, tout de suite ».
Ainsi, le temps de trajet devrait être réintégré au reste du voyage et suivre sa même logique de lenteur. Le touriste peut alors accepter de prendre le train, plutôt que l’avion, et rendre son trajet agréable en bonne compagnie ou en profitant d’un livre sur sa destination, son histoire et sa culture. Le trajet peut devenir lui-même dépaysant, lent, agréable et faire partie des vacances écologiques. De plus, choisir sur place des solutions telles que le bus local ou le train est un moyen de plus de s’immerger dans la culture locale !
Les enjeux environnementaux que rencontre actuellement le tourisme sont autant d’opportunités qui nous poussent à l’imagination et la créativité. Cependant, il est clair qu’un nouveau cadre est nécessaire au déploiement des nouvelles formes de tourisme, plus respectueuse de notre planète et des destinations.
Je te partage l’exemple de mon voyage jusqu’en Grèce… Sans avion !
Comment concrétiser un nouveau tourisme durable ?
Réduire le nombre de touristes pour bannir le tourisme de masse
Comme nous l’avons vu, avec de bons conseils un tourisme durable est possible. Le problème n’est donc pas le tourisme en soi, mais ses excès et sa démocratisation, ayant mené à un tourisme de masse inconscient et polluant. Comment pourrions-nous limiter le nombre de touristes ?
Face à l’urgence, on pourrait envisager une régulation stricte non seulement pour les structures mais également pour les touristes eux-mêmes. Puisqu’il y a trop de touristes, on pourrait en limiter le nombre en imposant des Visas touristiques, qui seraient donnés en nombre limité à chaque personne. On ne pourrait alors plus partir à l’étranger qu’une fois par an, voire une fois tous les deux ou trois ans, on serait sur liste d’attente… mais le tourisme responsable de proximité serait illimité !
Si une telle réforme doit se faire à grande échelle, plusieurs recherches proposent d’agir localement en réduisant le nombre d’hébergements sur place, augmentant les prix ou encore en favorisant la promotion d’une plus grande diversité de destinations, aujourd’hui peu fréquentées(1)(3).
Une nouvelle offre de vacances écologiques et éthiques
Les structures restantes devraient alors agir pour proposer une offre touristique plus « green ». Dans les hôtels par exemple, il est assez facile de diminuer la production de déchet. Première action du tourisme durable : arrêter les monodoses alimentaires et cosmétiques ! Ensuite, limiter le nombre de flyers proposés et distribués à tout va. Enfin, limiter le jetable dès que possible : proposer plutôt des serviettes en tissus au restaurant, cuisiner à partir de produits en vrac, pourquoi pas proposer des paniers repas dans des contenants réutilisables et consignés, etc. Les hôtels, restaurants mais aussi loisirs touristiques pourraient même devenir un lieu de sensibilisation à l’écologie et au tourisme éco-responsable, avec des affichages ou des ateliers et la promotion d’activités touristiques éthiques. Plusieurs structures suivant ce modèle émergent et prouvent que c’est viable : le Conca Park en Italie ou le gîte le Bocal en France par exemple(4).
Les consommations d’eau et d’énergie devraient également être raisonnées. On ne peut plus se contenter de proposer au voyageur de ne laver ses draps qu’une fois sur deux, il faut imposer un seul lavage par semaine ou faire payer les prestations supplémentaires. Après tout, chez nous, on ne lave pas le linge de maison aussi souvent. De même, pour limiter le coût énergétique de nos vacances, la climatisation devraient être limitée à des températures raisonnables et différentes de seulement quelques degrés avec l’extérieur.
Dès la construction de structures touristiques, il faut absolument être réfléchi. En premier lieu, n’y a-t-il pas d’autre choix que de construire ? Peut-on plutôt rénover un bâtiment aux alentours ? Voire ne pas augmenter la capacité touristique du secteur si celui-ci est déjà saturé… Si on choisit de construire, les matériaux et savoir-faire locaux devraient être favorisés, voire imposés.
Vers un tourisme durable : une nouvelle régulation des voyages
Cependant, toutes ces actions pour favoriser le tourisme écologique devraient s’inscrire dans un contexte de régulations précis. D’une part, pour inciter davantage les professionnels du voyage à se diriger vers de nouvelles pratiques, mais également pour informer convenablement le touriste, écoresponsable ou non. En effet, utiliser des arguments éthiques et écologiques peut-être une stratégie marketing efficace… mais parfois sans actions concrètes derrière(5) ! Une diversité de labels transparents, aux contraintes de plus en plus strictes permettraient à chacun de faire un choix éclairé lors de ses voyages.
Vous retrouverez ici une liste de 30 labels de tourisme écoresponsable. De même, l’association ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) regroupe des opérateurs de voyage impliqués et a créé son propre label.
Un nouveau marketing pour convaincre les voyageurs écoresponsables
« Comprendre ce qui peut rapprocher les hommes est sans nul doute le dessein le plus subtil et captivant que nous pourrions imaginer comme tourisme du futur »
Le marketing devrait se tourner vers la promotion d’un tourisme différent, plus centré sur l’expérience et les rencontres que sur la destination elle-même. Mais pour certains endroits, victime du tourisme de masse… pourquoi ne pas carrément arrêter de créer la demande en arrêtant de promouvoir ces lieux ? Cela laisserait la place pour davantage de destinations plus authentiques et aujourd’hui négligées malgré leurs richesses(1). Finalement, les conseils en tourisme durable peuvent être communiqués dès la promotion d’une destination.
De nouveaux outils pour voyager sans polluer
Enfin, avec le développement du digital on peut espérer de nouveaux outils qui vont aider les touristes à faire des choix éclairés pour voyager sans polluer. Ces plateformes proposent de nombreux conseils pour un tourisme durable et renseignent les voyageurs engagés sur des moyens d’action concrets.
Niveau application, Tookki et FairTrip référencent les adresses responsables pour mieux choisir ses visites, restaurants ou loisirs en voyage. Pour dormir dans des alternatives aux hôtels, évidemment AirBnb mais aussi Couchsurfing, qui propose souvent des offres moins victime du « trop touristique » que AirBnb (et gratuites !). Quant aux transports, au maintenant bien connu BlablaCar s’ajoute CoTaxiGo, qui permet de mutualiser les transports en taxi ou VTC aux alentours des gares ou aéroports.
Des sites internet fleurissent, comme Voy’agir qui permet de partager ses meilleures adresses green en voyage.
Enfin, des initiatives comme Clean My Calanques ou My Green Trip donnent des outils pour inciter et permettre aux touristes zéro déchet de ramasser les ordures qu’ils trouvent lors de leurs visites.
En attendant que les régulations se mettent en place et que les professionnels du tourisme proposent uniquement des alternatives responsables, il revient à nous de créer la demande pour des voyages écologiques et éthiques. Renseignez-vous sur les hébergements éco-responsables, partagez vos meilleurs conseils de tourisme durable et diffusez vos engagements en tant que touriste écolo !
Et toi, comment voyages-tu ? Ecris-moi en commentaire tes bons plans pour voyager écolo et tes réflexions sur le tourisme, je serais ravie de te lire !
Sources
- Callot, P & Babou, I (2007). Les dilemmes du tourisme. : France.
- Park, Duk-Byeong, and Yoo-Shik Yoon. 2009. « Segmentation by motivation in rural tourism: A Korean case study . Tourism management. : , pp. 99-108
- Francis, J. 2019. The future of travel and tourism, trends and predictions. . Responsibletravelcom. [Online]. [20 March 2019]. Available from: https://www.responsibletravel.com/holidays/responsible-tourism/travel-guide/the-future-of-travel-and-tourism
- HTTP://WWW.SOCIALTER.FR/FR/MODULE/99999672/695/LE_TOURISME_DE_MASSE_PEUT_IL_TRE__ZRO_DCHET___
- Duterme, B. 2006. Expansion du tourisme international: gagnants et perdants. Alternatives sud. [Online]. 13(13), . [20 March 2019].
- Gossling , S. 2010. The future of tourism : can tourism growth and climate policy be reconcilied ? A mitigation perspective. Tourism recreation research. [Online]. 35(2), 119-130. [20 March 2019].
- Luo, Y. and Deng, J., 2008. The New Environmental Paradigm and nature-based tourism motivation. Journal of Travel research, 46(4), pp.392-402.
Merci ! c’est un sujet qui prend de l’ampleur et reviens régulièrement dans la presse ; voici un article sur les recherches sur l’énergie et le transport liés au voyage
https://www.francetvinfo.fr/economie/aeronautique/hyperloop-energie-solaire-biocarburants-pourra-t-on-un-jour-voyager-loin-sans-polluer_3416119.html
Merci pour le partage ! Article très intéressant et qui fini également par conclure qu’il faut changer notre conception du voyage… car même si ces moyens de transport propres à l’utilisation voient le jour, n’oublions pas les émissions, autres pollutions et utilisation de ressources associées à leur fabrication 🙂 en tout cas cela fait plaisir de voir que les industriels sont de plus en plus conscients de ces problématiques