Vivre en collectif : mon parcours (en éternelle construction)

Vie en collectif, mon parcours (texte écrit sur un portrait de Bérénice faisant du yoga)

Je rêve de vivre en écolieu. Et si je n’ai pas encore, ni le lieu, ni le collectif définitif… Je me construis dès maintenant en accord avec cette vision. Bienvenue dans mon parcours vers le collectif, l’écolieu. Façon journal de bord.

Première étape : Sortir du « droit chemin » professionnel

19 décembre 2019. Ma cérémonie de remise de diplôme : je deviens officiellement ingénieure en environnement. Pourtant… Je ne me sens pas à ma place. Je ne me sens pas contribuer à hauteur des enjeux environnementaux, qui me touchent tant. Après un stage difficile à vivre, je me détourne de l’autoroute tracée devant moi, pour prendre un autre chemin. Je travaille 6 mois en boulangerie, tout en me formant pour devenir freelance.

J’essuie des incompréhensions de mon entourage, des critiques masquant la peur. « Tant d’années d’étude, pour ça ? » Mais tant pis. Ça serait encore plus dur de me forcer à rentrer dans un moule qui n’est pas le mien… À vivre jour après jour dans une place qui n’est pas la mienne. Ce serait plus dur encore de me demander chaque lundi matin, encore dans mon lit… « Et si ? Et si j’avais pris un autre chemin ? Et si je recommençais tout ? Est-ce qu’enfin je serais heureuse ? » Alors, j’essuie les critiques, j’avance malgré la peur de l’inconnu. Mais j’écoute cette voix au fond de moi qui me dit « c’est par là ».

Mars 2020. Je fais un exercice de visualisation pour définir ma vision long terme. Les images sont claires comme de l’eau de roche : je me vois vivre en écolieu, partager des moments riches en collectif, organiser des événements de sensibilisation et proposer une nouvelle réalité de vie. Depuis mon studio en région parisienne, le chemin est encore long.

1er avril 2020. Faute de pouvoir parcourir l’Europe en train et stop (contexte COVID oblige…), je me lance officiellement et à temps plein comme indépendante. Mon sujet ? Le marketing responsable. Ma vision : la communication permet d’envahir l’espace médiatique, pour faire connaitre les alternatives responsables, déplacer les normes comportementales, partager de nouveaux récits… Donc, construire de nouvelles sociétés.

Étape 2 : ressentir et comprendre à quel point je veux vivre en collectif !

Décembre 2020. Je lis le célèbre livre d’Alain Damasio : La Horde du Contrevent. J’en suis profondément touchée… Touchée par l’intensité des liens au sein de cette horde, par la force du groupe qui dépasse tous les obstacles, par la richesse de la diversité humaine… Touchée par le collectif, dans tous ses aspects.

Février à mars 2021. Je passe 6 semaines de wwoofing, au Luxembourg, dans une ferme biologique. Ma première expérience de moyenne durée de vie en collectif. Et si j’en retiens 1 chose c’est que… J’adore ça. Je veux vivre davantage de bulles collectives, jusqu’à en faire mon quotidien. Mais, en attendant… Je rentre dans mon petit appartement vide.

Eté 2021. Je passe un peu plus d’un mois à vadrouiller et explorer la vie en collectif, de différentes manières. Une retraite introspective, un festival de permaculture, une résidence entrepreneuriale entre femmes… Un mois où j’expérimente à fond. Où j’échange, je réfléchis, je remets en question mes habitudes et croyances établies. Un mois dans lequel j’adore ce que je vis.

En rentrant, la vie en appartement, à deux, me semble de plus en plus morne et pénible.

27 novembre 2021. Je viens de terminer 4 jours de résidence entrepreneuriale. A l’idée de rentrer dans mon appartement, mon cœur se serre. Ce n’est plus possible, cette vie n’est plus pour moi. C’est de collectif dont j’ai envie, besoin. C’est le collectif qui me nourrit. C’est en collectif que je rayonne le plus. C’est donc en collectif que je vivrai.

Étape 3 : Quitter la vie à deux, pour oser vivre à 10

Semaine du 10 janvier 2022. Je visite deux potentiels lieux de vie en collectif. Une colocation de 10 personnes, à Roubaix ; et un écolieu en construction, à Fontainebleau. Ma caboche hésite entre les deux.

21 janvier 2022. Je reçois un mail : “J’ai pensé à toi.” L’émetteur : un ami, rencontré l’été précédent et fondateur d’une entreprise de prestations en permaculture. Il cherche un.e freelance pour sa communication. Son entreprise est basée… A Roubaix. Une impression de déjà vu ? C’est normal, c’est la ville d’un des collectifs avec lequel j’hésitais. Je ne peux pas m’empêcher de faire confiance à la vie, qui pose sur mon chemin les dalles de mon avenir…

Mon cœur n’hésite plus, mon choix est fait.

1er mars 2022. Je pose mes valises à Roubaix, dans une grande maison, entourée de 10 belles personnes dont j’ai encore tout à découvrir, 2 chats et 2 poules. Ma nouvelle vie en collectif commence. La vie est belle.

9 avril 2022. A l’approche des élections présidentielles, je suis plus que jamais convaincue que c’est nous, citoyens et citoyennes, qui ferons la transition. Sans le gouvernement, s’il le faut. Je suis plus que jamais convaincue de la force du collectif, de la puissance des lieux où l’humain se regroupe pour catalyser le changement.

Semaine du 1er août 2022. Je me sens à ma place dans ce collectif. Et, plus que jamais, mon rêve d’écolieu est vivant en moi. Il m’appelle, avec une certitude prégnante. Pleine d’espoir, je pars pour un séjour d’une semaine avec un groupe en cours de création d’un écolieu. Première étape de la phase d’intégration au projet. Serait-ce le bon ? Mon asile, mon avenir ?

Finalement, nos visions ne sont pas compatibles, et mon processus d’intégration prend fin.

Étape 4 : Poser les briques de ma posture au cœur du collectif

Septembre 2022. Je participe à une immersion dans le cadre d’un programme entrepreneurial que je suis (et qui a transformé ma manière d’entreprendre) : Surf en Freelance. J’y déconstruis les étiquettes que je me colle dessus, les croyances identitaires auxquelles je m’attache. J’épluche l’oignon, comme on dit. Jusqu’à trouver, à voir en moi, ce pilier stable et lumineux. À trouver au fond de moi cet endroit solide, puissant, et à la fois plein d’amour, de douceur. Cet espace de sécurité et de rayonnement. Cet espace auquel m’accrocher, dans lequel me réfugier, quand dehors c’est la tempête…

Janvier 2023. Au moment de définir ma vision pour les prochains mois, mon écoanxiété revient grignoter du terrain. Je me lance dans la poésie engagée pour poser les mots de mon intériorité. De cette de toustes les autres aussi. J’écris pour…

Inspirer. Empouvoirer. Dénoncer. Toucher. Libérer. Lutter. Rassembler. Raconter.

Nouveaux récits ou réalités dévoilées. Des mots sur les maux, comme on dit.

C’est décidé : 2023 sera l’année où je vais enfin, vraiment, expérimenter ce mode de vie alternatif… Et avancer vers ma propre vision de vie en écolieu.

28 janvier 2023. Après un an de formation, je suis diplômée Prof de Yoga. Une pratique qui m’offre une grande sécurité et stabilité intérieure, tout en développant mon acceptation, mon ouverture aux autres. Pour moi, c’est clairement une philosophie et une pratique de plus en plus importantes pour construire des sociétés résilientes, collectives. Voilà un bout de ma place, de ce que j’ai à offrir pour faire face aux changements de notre siècle.

Avril 2023. Je passe 3 semaines au Maroc, immergée dans une famille berbère, au cœur d’une oasis. 3 semaines pour faire face au désert, à la sécheresse… Mais surtout, à une culture dans laquelle le vivre ensemble est une évidence, un essentiel. Une culture du présent, pleinement. Etre face, aussi, à la nature dans toute sa splendeur, sa résilience. “Une goutte d’eau suffit à la vie…” J’en repars grandie, de bien des manières. J’ai vu combien la sécurité, face à l’avenir et à la catastrophe climatique, ne dépend pas des circonstances extérieures… Mais de ma posture intérieure. Ma confiance dans mes ressources et celles du groupe.

Voilà où j’en suis aujourd’hui. À cheminer vers ma vie en écolieu. Je n’ai pas encore de terrain, d’ancrage sur un territoire ? Qu’à cela ne tienne. Je façonne, dès maintenant, ma posture de vie en collectif. Je m’acharne, expérience après expérience, à développer mes compétences de communication, médiation, expression de mes émotions, besoins et limites. À tester des outils de gouvernance, de gestion émotionnelle en groupe. À expérimenter plusieurs cultures de groupes, plusieurs manières de vivre-ensemble. À m’entrainer au potager, à la connaissance des plantes sauvages. Bref, à rendre la vie en écolieu déjà présente, aujourd’hui, dans ma vie.

Voilà où j’en suis aujourd’hui. Et je continue, pas après pas, à écrire mon histoire… Vers mon rêve d’écolieu.

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