Vous avez sûrement en tête la pub cliché pour voiture électrique. Un véhicule qui avance sans bruit, sans pot d’échappement, sans fumée. Une conductrice, le sourire aux lèvres. Elle fait du bien à la planète. La voiture électrique, écologique. La voix off nous le rappelle : pas d’essence, pas de pollution. C’est aussi simple que ça. Vraiment ?
Le transport représenterait en France plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (1). L’avion n’est pas le seul coupable : plus de la moitié sont émis par les véhicules particuliers, ¼ par les camions. Pourtant, les performances des véhicules ne cessent de s’améliorer ! Réduction de la consommation d’essence, réduction des émissions… Mais cela ne suffit pas à compenser l’augmentation continue du trafic routier (2).
Alors, l’électrique serait-il notre salut ? Dans beaucoup de médias, brancher son auto apparaît comme une solution d’avenir. Un transport « propre », écologique. Enfin !
C’est en partie vrai. Un point positif est qu’il n’y a pas d’émissions de particules fines sur le lieu d’utilisation. Les villes vont donc moins concentrer la pollution aérienne. La qualité de l’air est localement améliorée, ce dont peuvent se réjouir les asthmatiques parisiens. La voiture électrique est au moins une réponse à un enjeu sanitaire grandissant.
Ensuite, il y a un moindre épuisement des ressources fossiles. La phase de fabrication plus consommatrice en pétrole est compensée par la phase d’utilisation (3). À condition d’avoir une électricité propre du moins.
En effet, rouler à l’énergie électrique n’est bénéfique globalement que si cette énergie est produite de manière décarbonée. C’est le cas en France, grâce à l’utilisation majoritaire du nucléaire. Même constat en Suède par exemple, qui couple l’énergie atomique à plusieurs énergies renouvelables (4). L’ADEME estime que, dans ce cas, les émissions en gaz à effet de serre peuvent être divisées par deux sur l’ensemble du cycle de vie, par rapport à un véhicule à essence (3).
Au-delà de la réduction du réchauffement climatique, se baser sur l’électricité verte plutôt que sur le pétrole de l’essence augmente l’indépendance des pays face à l’importation de l’or noir.
On le sait : souvent, il faut y regarder à deux fois avant de déterminer que quelque chose est bon pour la planète. Trop souvent, on néglige cette analyse approfondie, on suit notre première intuition. C’est la télé qui l’a dit. C’est les infos, les journaux.
La voiture électrique fait partie de ces choses-là. Comme on l’a vu, ce transport high tech fait beaucoup parler de lui, en vert. Et pourtant, de plus en plus de scientifiques et chercheurs avertissent : le véhicule électrique ne peut pas remplacer la voiture thermique. Du moins, pas l’usage qu’on en fait aujourd’hui.
Pour vérifier cela, on mène une Analyse du Cycle de Vie (ACV). C’est-à-dire qu’on observe les émissions et pollution produites de la conception du véhicules à sa fin de vie, en passant par la fabrication et l’utilisation. Et le résultat n’est pas tout vert.
La production et le stockage de l’électricité se font à un rendement mauvais. Sur l’ensemble du cycle de vie, la consommation énergétique du véhicule électrique et du diesel sont similaires. Les deux étant 20 % plus faible qu’un véhicule à essence (en 2013) (5). L’avantage de l’électricité est qu’elle peut utiliser moins de ressources fossiles.
La fabrication de la batterie est en fait le gros point noir de la voiture high tech. Cette étape utilise beaucoup d’énergie et de pétrole. En plus d’émettre des polluants, cela acidifie les milieux et déséquilibre les écosystèmes.
Ce n’est plus un mystère : les batteries nécessitent l’utilisation de terres rares. Ce sont des matériaux présent en petites proportions dans certaines parties du globe. Il faut donc extraire d’importantes partie de sol pour récupérer les terres rares en quantités suffisantes. Cela se fait, évidemment, au détriment des écosystèmes et des populations humaines locales.
C’est majoritairement le lithium qui est recherché pour les batteries lithium-ion, actuellement utilisées dans les véhicules électriques. Or, un cabinet de recherche français met en garde : les réserves ne suffiraient pas à remplacer l’ensemble des véhicules sur le marché – à peine 10 % dans les scénarios optimistes (6).
Au-delà de ça, on ne peut oublier les implications géopolitiques. La demande mondiale en lithium augmente de plus en plus vite. Cette ressource est devenue indispensable à notre société moderne, utilisant à outrance téléphones et ordinateurs portables. 70 % des réserves de lithium se trouvent en Amérique du Sud. Ces pays peuvent faire le choix de réguler l’exportation, donc la production de batteries (6). À moins de trouver une nouvelle technologie de stockage électrique, indépendante des terres rares…
Pour résumer, la voiture électrique n’est pas la solution parfaite. Les pollutions sont parfois simplement déplacées loin de la ville, voire de notre pays.
Si vous avez trouvé le sujet intéressant, je vous donne rendez-vous dans le prochain article ! Nous y verrons que le véhicule électrique ne peut pas se substituer au véhicule thermique. Les deux ont en fait des usages bien différents !
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