Volontariat dans un jardin de plantes médicinales : Le Colombier Vert (89)

Les plantes. Fleurs, aromates, bosquets… Véritables médicaments, buffets pour les insectes et abris de biodiversité. Un régal pour les yeux, les narines et la santé. Au cours de mon voyage, j’ai rencontré Véronique. Herbaliste passionnée de la nature, de ses pétales poétiques et ses feuilles puissantes. Pendant quelques jours, je partage le quotidien de Véronique. Je l’aide à cueillir les fleurs, récolter les graines et désherber les massifs. Elle me partage ses savoirs, ses passions, ses questionnements philosophiques. Alors, prêt.e à embarquer avec moi ?

L’épisode s’intègre à mon voyage sur automne 2023, à la rencontre des écolieux et initiatives en collectif ! L’épisode 1 ici : immersion à la Caserne Bascule, à Joigny.

Présentation du Colombier Vert : éco-gîte et jardin de plantes médicinales

Infos clés

Nom : Le Colombier Vert

🧭 Raison d’être : Un lieu éco-restauré avec des bâtiments historiques et son jardin d’herboriste, ouverts sur le monde

📍 Localisation : Champlay, Bourgogne (89)

📅 Année de création : 2007

👥 Nombre de personnes : 2 + partenaires. Ce n’est pas un lieu de vie, mais un lieu d’activités professionnelles

📜 Statut juridique : SARL

🏡 Exemples d’espaces :

  • Un gîte
  • Un jardin d’herboriste
  • Un potager familial
  • Une ferme florale (pour la production et vente de fleurs coupées)
  • Une forêt comestible
  • Une salle pour l’accueil de séminaires ou stages

🛌 Opportunités d’accueil : je suis venue aider pendant la journée, tout en séjournant à la Caserne Bascule (Joigny). On peut également voir le lieu lors des événements organisés (stages, activités pédagogiques autour de l’herboristerie) ou venir dans le gîte.

💰 Modèle économique : le couple utilise le lieu pour plusieurs sources de revenus. Gîte, location des salles pour des stages ou séminaires, vente de plantes médicinales, animations pédagogiques dans le jardin d’herboriste, partenariat pour l’activité des fleurs coupées.

💡 L’idée à emporter : la plupart des paysan.ne.s herboristes peinent à être rentables par la vente de leurs plantes, ou sont pris.e.s dans une course à la productivité et la diversification de produits (cosmétiques, alimentaires, etc.). Cela ne correspond pas aux valeurs de Véronique, qui souhaite aussi laisser la nature s’épanouir, et s’en émerveiller. Ainsi, la vente de plantes reste minime : cette herboriste engagée développe principalement la formation et les ateliers pédagogiques.

Le Colombier Vert : on arrive où exactement ?

Le Colombier Vert, c’est un ancien corps de ferme de château (plutôt cossu, donc !).

  • Un bâti aux belles poutres et aux murs rénovés à la chaux et colorés par la terre locale.
  • Un gîte.
  • Un grand terrain, avec potager familial, jardin des simples, forêt comestible, haie de biodiversité… Et, bientôt, un champ de fleurs coupées locales et écologiques (@prairie_fleurspaysannes).

Sur le terrain, Véronique fait pousser sa belle oasis de plantes médicinales. Un jardin d’Eden qui est le support de ses stages pédagogiques et de quelques produits et remèdes à la vente (baumes, tisanes, huiles, sirops, etc.).

J’ai donc prolongé mon séjour à la Caserne Bascule pour soutenir Véronique quelques jours (contente de pouvoir reposer sa tendinite à l’épaule… Même si, en vrai, elle a du mal à ralentir ! 😉 ) et profiter de ses savoirs passionnants, sa vision poétique de la nature et sa générosité joyeuse.

Jardin médicinal : un projet à penser sur le long terme

En retraçant peu à peu l’histoire du lieu, je suis impressionnée de son parcours… Vertigineux. Impressionnée par le temps que ça peut prendre, de mettre sur pied un tel terrain. Obtenir des subventions, planter les haies, les arbres. Arroser, protéger. Attendre qu’ils grandissent et s’étoffent. Compléter, année après année, la collection de plants.

Un temps incompressible, au rythme de la nature et de sa croissance. Rythmé par le temps à dépenser pour l’administratif, les papiers, le développement des projets. C’est vertigineux…

Et pendant ce périple, l’aide des élus et de la communauté… Peut être décisive. Elle me raconte les subventions obtenues, qui ont permis de planter la haie du fond, de concevoir le terrain, de mettre en place les premières plantes médicinales, ou encore d’acheter les arbres pour la forêt comestible. Les mises en contact et les dynamiques soutenantes sur le territoire. L’écosystème entier, qui s’entraide dans la transition.

En fait, quand on choisit un territoire, on se concentre souvent sur des critères géographiques, ou pratiques : la présence d’eau, le dénivelé, la température attendue dans les prochaines années, etc. Mais la couleur politique de la ville peut aussi être un critère décisif. Qui accélèrera le projet… Ou lui mettra des bâtons dans les roues.

Les différentes activités pour dégager un revenu grâce à son terrain

Véronique me raconte aussi comment son activité rythme son quotidien. Cette herbaliste associe plusieurs sources de revenus pour dégager un salaire, tout en respectant ses valeurs et les activités qui lui plaisent.

  • Ateliers pédagogiques ;
  • cours en université de maraîchage ;
  • location de gîte, et du bâti ;
  • vente de plantes transformées (tisanes, sel aux herbes, macérât huileux, etc.)

La vente de plante reste assez secondaire… Pour beaucoup de temps passé. À cela, Véronique y ajoute un questionnement philosophique : est-ce que ça vaut vraiment le coup d’embêter l’écosystème, couper les fleurs, les feuilles ? D’y passer tant de temps ?

Ou est-ce que ça serait plus censé de laisser la plante faire son cycle, laisser ce buffet pour la biodiversité ? Avoir un jardin pour le plaisir des sens, pour la démonstration pédagogique, pour l’usage personnel… Mais pas pour la production ? Un espace pour questionner notre rapport aux plantes, prendre à contre-courant ce regard utilitariste et consumériste qu’on porte sur la nature.

Sur ces questions… Les graines sont plantées.

Journal de mon volontariat chez une herboriste

18/09 – Émerveillement de la nature

Nature minutieuse,
Dessinatrice, peintre et sculpteuse.

Et moi, assise là,
Entre les plantes médicinales et les fleurs colorées,
Je peux finalement prendre le temps.

De contempler, constater, admirer,
La poésie du vivant.

Ses détails fabuleux,
Ses ensembles puissants.

Un bouton aux pétales colorés,
Un insecte aux élytres décorées,
Un reflet sur la toile d’araignée.

Prendre le temps
De l’émerveillement.

Le cultiver, l’embrasser,
L’oublier, parfois, pressée et stressée.
Se le rappeler, enfin,
Face à ces incroyables dessins.

Et faire le serment, ici, et maintenant,
De partager l’émerveillement,
Pour le garder toujours vivant.

19/09 – Les plantes : une poésie, pour les 5 sens et pour l’esprit.

Depuis quelques jours, donc, j’aide Véronique du Colombier Vert. La magie du voyage, c’est aussi pouvoir saisir les opportunités qui se présentent à nous !

Alors, en cueillant les fleurs, on discute. Elle me partage les vertus de telle ou telle plante. Elle me dévoile un bout de son chemin, de son quotidien. Parfois, on s’arrête, pour admirer un scarabée à la carapace colorée. Elle me montre une graine à la forme surprenante d’ingéniosité. Puis, on reprend, enveloppées du parfum des feuilles aromatiques. Anisées, mentholées, citronnées…

Une abeille butine une fleur de mauve

Elle m’explique ses choix, ses valeurs aussi. Je vois le regard poétique que Véronique porte sur la nature qui l’entoure. Les plantes sont une poésie, pour les 5 sens et pour l’esprit.

Son jardin est aussi un immense asile pour la biodiversité. Elle y admire les insectes, leur laisse d’immenses prairies fleuries, des massifs de plantes mellifères. Elle ne récolte que partiellement, pour laisser le restaurant aux abeilles et autres adeptes de fleurs sucrées. Certaines plantes ne sont ni médicinales ni comestibles : elles sont esthétiques, ou mellifères. Elles sont, en fait, simplement, et au-delà des services qu’elles nous rendent.

Le jardin, et les plantes que Véronique y fait pousser, n’est pas seulement à son service. C’est tout un écosystème qui la dépasse, où la nature s’épanouit.

20/09 – Donner

Donner, sans rien attendre en retour.

Rien d’autre que l’expérience vécue jour après jour,

Que la joie d’écouter une passionnée
Partager son quotidien.

Donner pour aider,
S’entraider et tendre la main.

Donner du temps, de l’énergie,
Un regard, un sourire.

Donner joyeusement
À la vie et ses habitants.

Donner avec confiance
Et cultiver cette société
De la générosité,

Où l’amour, les ressources et la connaissance,
Se multiplient, en passant de mains en mains.

Mon voyage à la découverte des écolieux se poursuit. Prochain arrêt : l’Oasis du Suchel, près de Lyon !

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