Ici, les logements futuristes ne sont pas d’immenses villas connectées et automatisées. Ici, on sait bien que l’avenir sera frugal et low-tech… Ou ne sera pas. Le Bidouill’art est un laboratoire d’expérimentation et de démonstration de la vie du futur : la vie dans un contexte d’effondrement, de récession économique et énergétique.
🙋♀️ Tu as manqué le début du voyage ? Juste avant, j’étais à la Ferme du Suchel, près de Lyon !
Je glisse des émojis dans l’article pour que tu ne manques pas les plus beaux apprentissages :
💡 Une bonne idée à tester !
☀ Un principe clé de réussite.
📗 Une ressource à creuser.
Écolieu en PACA : présentation du Bidouill’art
Nom : Bidouill’art
🧭 Raison d’être : Expérimenter différents moyens de pourvoir à certains besoins (comme le logement, l’énergie) dans un contexte de récession énergétique et économique. Ceci dans une démarche écologique et en utilisant l’art comme support.
📍 Localisation : Pertuis, proche d’Aix-en-Provence (région PACA)
📅 Année de création : 2003
👥 Nombre de personnes : 2 + accueil de personnes en situation de précarité
📜 Statut juridique : Association loi 1901
🏡 Exemples d’espaces :
- Des refuges, sous forme d’habitats légers passifs, destinés à héberger des personnes en situation de précarité : réfugié.e.s, travailleurs.euses pauvres, etc.
- Le Sub, un gîte créé dans un ancien bus scolaire réaménagé
- Une pièce de bricolage et différents espaces de stockage de matériaux de récup’
- Un poulailler suspendu, créé à partir d’une citerne surcyclée et de bombonnes de gaz !
🛌 Opportunités d’accueil : location du gîte
💰 Modèle économique :
- La location du Sub, bus aménagé en gîte, permet de financer le projet.
- Par ailleurs, les coûts sont minimisés : construction en surcyclage, déplacement à l’énergie solaire, fonctionnement sur le lieu majoritairement à l’énergie solaire, eau de pompage sur site et phytoépuration, récupération d’invendus alimentaires, etc.
💡 L’idée à emporter : Tout le terrain est une réelle démonstration de la logique low tech, frugale et récup’. C’est un plaisir de déambuler sur ce lieu, pour y découvrir des bonnes idées, déguisées en œuvres d’art. C’est beau, c’est malin, c’est utile. On se dit : mais oui, c’est plein de bon sens… Et pourtant, il fallait y penser !
Le Bidouill’art : prendre le temps de faire soi-même
Au Bidouill’art, encore plus que dans les autres lieux, j’ai vu la vie sous un autre rythme.
2 personnes, venues vivre dans ce grand terrain. 2 personnes, prêtes à tout faire elles-mêmes. Ils sont venus ici pour le silence, la lenteur. ☀ Pour expérimenter et montrer cet autre mode de vie. Cette vie où on choisit de prendre le temps, de faire soi-même… Plutôt que travailler, pour acheter, pour avoir le temps… De travailler. Mettre de l’essence dans la voiture, pour aller travailler, pour pouvoir payer l’essence à mettre dans sa voiture.
Au Bidouill’art, on sort du cercle vicieux. On cuisine au rythme du soleil. On fabrique au rythme des merveilles dénichées à la déchetterie. On ne compte pas ses heures, mais on ne travaille pas non plus. On gagne peu d’argent, puisqu’on en dépense peu aussi. On gagne par contre tellement de sens, de satisfaction, de voir s’ériger tant de projets en matériaux surcyclés.
Au Bidouill’art, on montre l’exemple, et on laisse venir à soi. Le lieu et ses merveilles sont là. Prêtes à être découvertes. Les deux hommes ne font pas de pub, de communication pour attirer les foules. Ils n’ont pas de rêves de grandeur, d’espoir d’impact mirobolant. Ils impactent par leur présence, leur exemple, leurs expériences. Ils impactent par la simplicité du petit nombre d’expériences transformatrices.
Passer quelques jours dans le Sub, ce car scolaire aménagé en logement passif, c’est vivre dans peu d’espace, peu de superflu… Et se rendre compte combien c’est doux et agréable. Passer quelques jours dans le Sub, c’est apprendre à regarder d’un œil neuf tout ce qu’on envoie à la déchetterie : ici, on le voit comme des précieuses ressources, comme des œuvres d’art en devenir.
Habitats légers et contraintes juridiques : c’est comment, dans cet écolieu ?
Le Bidouill’art est une association loi 1901. Le lieu est… Toléré par la municipalité. Dit comme ça, ça semble un peu bancal, c’est sûr.
💡 Alors, le groupe a mis en place plusieurs stratégies pour se protéger et montrer patte blanche : ils appellent ça « aïkido juridique ».
- Tous les aménagements sont destructibles ou déplaçables : ce sont des habitats légers.
- Le lieu utilise l’art comme support : chaque installation (ou presque) peut être considérée comme une œuvre d’art.
- Pour deux structures, les charpentes sont… Des arbres vivants ! La toiture repose sur les peupliers, et tient les murs — plutôt que l’inverse.
- Le poulailler est suspendu : pas d’emprise au sol.
- Plusieurs habitats légers sont des refuges ou un gîte, donc pas des résidences principales et pas occupées en permanence.
- Démontrer qu’il n’y a pas d’impact négatif pour le terrain, voire des impacts positifs. Par exemple, avec la mise en place d’un système de phytoépuration efficace, montré aux élu.e.s.
Et globalement, il s’agit de garder des relations au minimum cordiales avec la municipalité, démontrer leurs bonnes intentions.
Farandole de bonnes idées low tech
Idées en vrac
Liste non exhaustive des bonnes idées low-tech, à reproduire chez vous :
- Le chauffe-eau solaire, à l’aide d’un radiateur surcyclé, peint en noir.
- Le four solaire : grâce à un système de miroir, les rayons du soleil sont concentrés en un point pour chauffer les plats.
- Réseau de phytoépuration des eaux.
- Toilettes sèches.
- Poulailler en citerne à gaz surcyclée.
- Vélo-remorque à l’énergie solaire.
- Serre bioclimatique (voir la présentation du Sub).
- Etc.
Le Sub, gîte aménagé dans un bus scolaire réformé
J’ai dormi dans le Sub, un ancien bus scolaire surcyclé en habitat léger. Ce gîte est une véritable démonstration des possibilités offertes par le low tech, le réemploi et la vie dans un petit espace. Je vous fais la visite ?
- L’aménagement intérieur et extérieur a été réalisé avec des matériaux de réemploi, et en utilisant l’énergie solaire (depuis le transport des matériaux).
- Une serre bioclimatique borde tout le côté sud. On y fait pousser des plantes, esthétiques et/ou comestibles. En été, grâce à un système de trappes et de différences de pression, cela aspire l’air frais du côté nord, qui passe sous le logement : une climatisation passive ! Par ailleurs, la casquette protège le bus des rayons directs du soleil. En hiver, cela permet de chauffer l’habitat, en utilisant l’énergie du soleil. En complément, un poêle à bois permet de chauffer pendant l’hiver.
- Une toiture végétale régule la température, en rafraichissant pendant l’été.
- Le chauffe-eau solaire permet d’alimenter le Sub en eau chaude jusqu’à 10 mois de l’année, sans aucun apport d’énergie supplémentaire (même pas de pompage, puisque le ballon d’eau chaude est placé en hauteur).
- Il y a même un lave-linge (en réemploi, bien entendu) : ce qui consomme le plus, c’est le chauffage de l’eau. Ici, l’eau est chauffée à l’énergie solaire : il suffit donc de lancer un cycle froid, entre midi et 14 h (quand le soleil est au Zénith !) pour laver son linge avec peu d’énergie.
- La cuisine se fait au gaz, de même que le complément d’eau chaude lorsque l’énergie solaire est insuffisante. Pour le reste (lumière, prises, petit frigo), c’est l’électricité solaire. Des batteries (de réemploi, vous connaissez la chanson) sous le bus permettent de stocker l’énergie.
- Des toilettes sèches sont situées à l’arrière du bus.
- Le bus est couvert d’un isolant (paille de lavande, naturellement imputrescible et disponible en abondance dans la région) + un bardage en bois de palettes, pour le côté esthétique. Le bus se fond ainsi dans le paysage forestier. La toiture est suffisamment large pour protéger le bois de la pluie : pas besoin de traitement chimique supplémentaire.
Je repars du Bidouill’art inspirée par la lenteur, le bon sens de la low tech et l’art qui teinte ce lieu. Ma prochaine étape ? Une productrice de plantes médicinales, près de Valence.
Cette visite s’inscrit dans un voyage à la découverte d’écolieux et collectifs en France ! Ma prochaine destination ? Graines de Buisson, où monde paysan rime avec militant…