Et si je te disais que l’art est aussi un mode résistance ? Qu’on peut faire la fête et militer en même temps ? J’ai passé une semaine à l’apprendre et l’expérimenter. Assieds-toi confortablement, sous un rayon de soleil printanier ou au parfum des fleurs d’avril… Aujourd’hui, on va parler d’artivisme ! Avec 3 pépites issues du Bruit qui Court, pour co-créer sans pression…
C’est quoi l’Artivisme ?
Artivisme, une définition
L’Artivisme, c’est 💃 Utiliser l’art, et la créativité au sens large, pour contribuer à des luttes, pour dénoncer, incarner des alternatives ou créer des prises de conscience. C’est un mode d’action très pertinent, car complémentaire à d’autres (comme la lutte, la pédagogie, etc.) : ici, on fait appel aux émotions pour mettre en mouvement, plutôt que faire appel au mental ou à la force.
Cela peut prendre de nombreuses formes : conférence gesticulée, spectacle de danse, peinture, poésie et textes engagés, musique, spectacle immersif, mais aussi sculpture ou tag dans la ville, flash mob, affichages urbains, etc.
Exemples d’associations d’artivisme
J’ai expérimenté ce mode de résistance militante avec Le Bruit qui Court (BQC). C’est un collectif d’artivistes ayant la conviction que les changements profonds de société ne se feront pas sans gagner la bataille culturelle et sans proposer de nouveaux imaginaires 💭.
Le BQC réalise des expériences créatives et émotionnelles, souvent immersives, pour lutter en faveur des justices sociale et environnementale. Résister, avec lucidité et conscience des enjeux, mais aussi avec joie, audace et ténacité.
D’autres exemples d’association et collectifs utilisant l’art comme activisme :
- Danse en résistance
- Danse la rue (Lyon et Paris)
- Le CRIII (collectif itinérant proposant des performances d’artivismes)
- Minuit 12 (collectif de danse militante)
- MC Danse pour le Climat (musique et danse pour soutenir les luttes)
💡 Tu connais d’autres structures alliant créativité et militantisme ? Envoie-moi un message ou écrit un commentaire, pour que je l’ajoute à la liste !
Créer une fête militante, 3 clés avec Le Bruit qui Court
En avril 2024, j’étais en résidence d’artivisme avec Le Bruit qui Court. J’ai pris part à 4 jours d’émulation collective pour donner vie à l’Issue : une soirée intégrant des performances artistiques, des expériences immersives, des lectures de textes et des DJ Sets… Le tout, pour faire la fête, mais aussi se questionner sur l’état du monde et notre place dans la bascule sociétale.
C’était intéressant de voir le fonctionnement de cette résidence avec Le Bruit qui Court !
Une culture proche de Fert’Iles (avec qui je me suis formée à la coopération en novembre 2023)… Et pourtant, avec des différences marquantes. Voilà quelques pépites de la culture du Bruit qui Court.
1. Les personnes qui sont là sont les bonnes personnes
Les personnes qui sont là sont les bonnes personnes. C’est un des principes clés du Forum Ouvert… Que j’ai senti, plus que jamais, incarné lors de cette résidence !
Plus largement : au cours de la semaine, j’ai ressenti une réelle culture du moment présent, de l’acceptation de ce qui est pour construire avec ça. 🧘
✨ On fait avec les personnes qui sont là, au moment où elles sont là. On prend les idées qui émergent et on construit dessus. On utilise les compétences présentes sans rêver l’inaccessible. On s’adapte sur le moment à l’énergie du groupe, aux élans, aux besoins qui s’expriment au fur et à mesure de la journée.
À l’opposé d’un séminaire bien planifié, avec des horaires prédéfinis et des temps cadrés… Ici, les journées se construisaient de manière très organique. On pourrait même dire à l’arrache, selon les points de vue 😉. Il y avait des grands blocs de temps thématiques prévus, quand même… Et puis, on s’adaptait.
Et moi, dans tout ça ? Je me suis sentie assez challengée par ce fonctionnement “à l’arrache”. J’aime avoir des temps définis, aux intentions précises. Ça m’aide à me positionner, savoir ce que je peux apporter, où je peux aider. Là, j’étais régulièrement perdue dans le fourmillement de tâches, d’actions et de possibilités. Ça me met plus en posture d’observation, que d’action. Et pourtant, je vois tout ce que ça apporte ! Ça a permis à chacun, chacune de s’impliquer dans l’Issue, à la hauteur de ses disponibilités et compétences. Venir pour 3 h, une journée ou les 4 jours, à toutes les résidences ou à une seule : c’est possible ! Quelle que soit ta disponibilité, tu pourras planter quelques graines… À la condition d’accepter de lâcher le projet et son devenir sur les jours où tu n’es pas là.
2. On teste, et on verra !
J’ai ressenti une forte culture de l’action aussi : on agit, on construit, on teste, on apprend et puis on s’adapte au fur et à mesure.
À la fin de la résidence, on a testé une première version de l’Issue. 🧑🔬🧪 Une salle réservée à la Cité Fertile, 100 personnes inscrites (principalement des sympatisant.e.s du BQC), les bénévoles présent.e.s ce jour-là… Et on performe ce qu’on a réussi à concevoir et préparer lors de la résidence.
C’est imparfait ? On aurait pu ajouter mille autres performances et étapes ? On n’est pas sûr.e de telle ou telle idée ? Tant pis, ou même tant mieux : on teste, c’est fait pour ça ! Toute une soirée pour un test en grandeur nature. Il y aura une deuxième soirée expérimentale en mai, plus aboutie, et la version finale en juin.
Ça permettait de retirer beaucoup de pression pendant la résidence. De pouvoir se dire, 24 h avant : c’est pas abouti ? C’est parfait comme ça ! 🎊 L’enjeu de cette première soirée, ce n’est pas de créer des prises de conscience, de réussir la soirée, mais de tester nos propositions et comment les participant.e.s les vivent.
3. Le soin des relations : évidence et ressource
Le collectif du Bruit qui Court met un point d’honneur à prendre soin.
- 🫂 Soin des personnes : je me suis sentie intégrée, accueillie, prise en compte dès mon arrivée. Bien que c’était ma première résidence et que je ne connaissais personne, il y a eu une intention particulière à m’expliquer le projet et me demander comment je souhaitais m’y impliquer. Il y a entre autres une personne référente “soin” : les résidences peuvent être intenses, stressantes, et les organisateurices ont déjà mille choses à penser ! Les référent.e.s soin peuvent proposer une pause, être une oreille attentive et autres petites attentions pour s’assurer que chacun.e se sent bien.
- 🫴 Soin des relations : les bénévoles du Bruit qui Court soignent également les relations. Car c’est naturel dans leur culture et c’est un plaisir ! On met un point d’honneur à remercier chaleureusement les personnes qui nous aident sur la route, à prendre des nouvelles, à glisser une pointe d’humour… Bref, faire passer un bon moment aux personnes qui entrent en interaction avec le projet. C’est une force, car au moment de demander de l’aide, cette affection humaine pèse dans la balance. Et au final, tout le monde y gagne !
Exemple de lieu artiviste : Le Bidouill’art
Remettre un pied dans l’artivisme m’a rappelé ma visite au Bidouill’Art.
Dans cet écolieu, les logements futuristes ne sont pas d’immenses villas connectées et automatisées. Là-bas, on sait bien que l’avenir sera frugal et low-tech… Ou ne sera pas.
Le Bidouill’art est un laboratoire d’expérimentation et de démonstration de la vie du futur : la vie dans un contexte d’effondrement, de récession économique et énergétique… Le tout, en utilisant l’art comme support.
Retrouve la présentation complète du Bidouill’art dans l’article dédié.
Le Bidouill’Art est un bel exemple d’artivisme. Chaque installation (ou presque) peut être considérée comme une œuvre d’art.
- Cela permet notamment de contourner les freins juridiques : entre le poulailler suspendu, les bâtiments en charpente vivante ou les œuvres d’art camouflant des habitats légers : la créativité est de mise pour se rendre inattaquable aux yeux de la justice.
- C’est aussi tout un imaginaire souhaitable autour de la frugalité. Tout le terrain est une réelle démonstration de la logique low tech et de récupération C’est un plaisir de déambuler sur ce lieu, pour y découvrir des bonnes idées, déguisées en œuvres d’art. C’est beau, c’est malin, c’est utile. On se dit : mais oui, c’est plein de bon sens. Et pourtant, il fallait y penser ! Alors, ici, la frugalité n’est pas perçue comme un retour en arrière moyenâgeux… Mais comme une immersion artistique, un plaisir des yeux ! Bref, ça donne envie de plus de low tech chez soi et autour de soi.
😌 Alors, tu connaissais l’artivisme ? Tu aimerais t’engager comme ça ? Tu penses à des exemples qui méritent d’être connus ? Raconte-moi en commentaire !