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La Juptière (86) : une relation au vivant très inspirante

La Juptière, écolieu près de Poitiers - couverture de l'article, texte écrit sur une photo d'un grand arbre remarquable du parc

J’ai passé une semaine en wwoofing à La Juptière. Un écolieu proche de Poitiers, dans la Vienne (86). L’aventure se déroule sur le terrain d’un ancien moulin à eau, encore traversé de plusieurs bras de rivière et habité d’une magnifique biodiversité. Ici, le collectif se veut être un laboratoire d’expérimentation et d’apprentissage de la relation : relation à soi, relation aux autres, relation au vivant. J’y ai vécu une immersion très inspirante, pleine d’idées à emporter !

Présentation de La Juptière, écolieu près de Poitiers

Nom : La Juptière

🧭 Raison d’être : Prendre soin du Vivant au cœur de toute relation. Personnellement, j’adore cette raison d’être et sa formulation. Je la trouve à la fois simple et complète. C’est une phrase qui peut vraiment servir de repère au quotidien, de guide pour les décisions, et que j’ai observée mise en pratique chaque jour de ma visite.

📍 Localisation : Latillé, dans le département de la Vienne (86)

📅 Année de création : le projet est devenu collectif en juin 2021. L’idée est née avec le confinement de plusieurs personnes sur le lieu. Mais Mélanie, « source » du projet, vivait déjà depuis 10 ans sur ces terres, en location.

👥 Nombre de personnes : 3 adultes + 2 enfants vivent sur le lieu. Le collectif est plus large, et rassemble une dizaine de personnes du territoire impliquées plus ou moins régulièrement dans le projet.

🏡 Exemples d’espaces : la maison commune (cuisine et salle de bain partagée, chambre d’accueil, salle polyvalente, salon), un habitat léger par foyer, plusieurs jardins potagers et médicinaux, des prés. Au total, c’est 2,7 ha de terrain, 500 m2 de bâtiments et 3 habitats légers, sur le terrain d’un ancien moulin à eau.

🛌 Opportunités d’accueil : wwoofing, et accueil libre de toute personne souhaitant découvrir la vie en collectif.

💰 Modèle économique : Le collectif de la Juptière adopte un modèle économique solidaire : c’est une volonté forte de leur part, défendue malgré le peu de ressources trouvées sur ce thème auprès de la Coopérative Oasis. Le collectif de la Juptière crée un projet non lucratif, avec l’objectif de faire du lieu un bien commun et de le rendre accessible, même aux personnes à faible revenu. Il y a un loyer pour couvrir les charges quotidiennes du lieu : une part fixe à 275 € et une part variable s’élevant à 1 €/m² privatif). Ce loyer est complété par une indemnité d’occupation basée sur le revenu, selon un barème progressif. « L’objectif est de rechercher l’équité, non pas sur la part donnée, mais sur le reste à vivre ». Ces montants permettent de rembourser les prêts, envisager d’acheter le lieu et réaliser les travaux.

📁 Modèle juridique : une SAS coopérative à but non lucratif (gérante du foncier) et une association (porte les activités). Le lieu tend à devenir un bien commun, et le projet est non lucratif (les personnes ne récupèrent pas plus que ce qu’elles ont apporté à la base, pour éviter la spéculation immobilière).

💡 L’idée à emporter : j’ai été particulièrement inspirée par les multiples idées de sobriété, de réemploi, de zéro déchet incarnées jour après jour à la Juptière. J’en citerai une ici (les autres, dans la suite de l’article) : ici, on ne désherbe pas… On récolte ! Oui, car de nombreuses plantes qu’on appelle « mauvaises herbes » sont comestibles : chénopode, plantain, pimprenelle, pissenlit, etc. Alors, à la Juptière, on se munit de paniers pour désherber… Et on garde les plantes comestibles pour les déguster au prochain repas (en salade ou en gratin par exemple), ou pour les sécher et en faire des tisanes. Bilan : un délice !

« C’est le lieu qui guide le projet. Et j’aime ça. Moi, je me vois comme gardienne des lieux. »

Mélanie, « source » du projet.

La relation au vivant : entre humilité et poésie

Immersion au jardin de la Juptiere, avec Mélanie

« Au début, j’essayais de faire pousser des épinards, des mâches, des salades. Mais c’était dur, ça attire les limaces… et en fait ça pousse tout seul dans le jardin. Alors j’ai arrêté. »

Mélanie

À la Juptière, on ne désherbe pas : on récolte. On revenait de nos matinées au potager avec un panier plein : chénopode, jeune bourrache, pousses de lampsane, un soupçon de pimprenelle, quelques feuilles et fleurs de mauve… et voilà notre salade pour le déjeuner ! L’alimentation est une expérimentation constante, mais simple, vers l’autonomie. Salades sauvages, terrine de fanes, confitures de fruits récupérés, lactofermentations, etc.

Et même quand on récolte des légumes ou des plantes médicinales, c’est avec respect et humilité. Mélanie ne cueille pas une fleur si un insecte s’y trouve par exemple.

« Merci la courgette » dit Mélanie, en récoltant ses légumes. Et moi, je prends le temps d’apprécier cette poésie.

Balade dans le parc, avec Maël

Le projet veut prendre soin de la santé aussi. Celle des personnes sur le lieu, mais aussi de tout être vivant… Et même la santé des espaces naturels. J’ai été touchée par l’utilisation du mot « santé » pour parler des écosystèmes : oui, après tout, ce sont des êtres vivants qu’on peut déséquilibrer par une mauvaise décision, ou soutenir au quotidien !

Pour la santé des personnes, La Juptière met en place différentes habitudes : cuisiner une alimentation saine et de qualité, prévenir et guérir avec des plantes médicinales, proposer différentes pratiques corporelles, respecter les rythmes individuels, etc.

Et pour la santé des espaces naturels ? Maël me partage que c’est un arbitrage parfois difficile. Quelle action peut-on se permettre sur l’environnement, pour en prendre soin, respecter le vivant, mais aussi jouir de l’espace ? Faut-il agir, ou laisser faire ? La question revient plusieurs fois dans la semaine, sur des cas bien pratiques : est-ce qu’on nettoie ce lit de rivière pour laisser l’eau circuler sur le terrain, au risque de détruire le lieu de nidification des demoiselles et libellules ? Sur cette prairie fleurie : doit-on l’entretenir, préserver cette biodiversité (et ses services), ou laisser faire tout en sachant que cela sera envahi par les ronces, l’aubépine, et deviendra au fil des années une forêt ?

Et dans notre discussion, je perçois le grand respect et l’humilité du groupe envers la nature. Comme une volonté de se mettre à son service. De lui faire confiance, tout en sachant intervenir parfois, au bon moment, au bon endroit, pour la soutenir.

Je reviens bientôt pour parler des valeurs de sobriété et de zéro déchet du collectif ; ainsi que leur ouverture sur le territoire. En attendant, découvre les autres écolieux que j’ai visité cette année.

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