Les nouvelles technologies. Outil merveilleux qui nous permet depuis quelques années de nous connecter à l’ensemble de la planète en quelques clics, d’accéder à toute l’information qu’on désire sans quitter son canapé, à enregistrer et partager des centaines de photos de son chat trop meugnon à tous ses potes. Mais écologie et technologie font-elles bon ménage ? Quel est l’impact environnemental de nos ordinateurs et smartphone ? Surtout, quelles-sont les solutions à la pollution numérique ? Faisons un tour d’horizon des recommandations de l’ADEME pour utiliser téléphones et ordinateurs tout en minimisant leurs dégâts écologiques.
Les nouvelles technologies ont profondément changé nos manières de vivre, mais aussi de travailler et de sociabiliser. Avec les préoccupations grandissantes autour du réchauffement climatique, on espère, forcément, être sauvés par nos micro processeurs adorés. Smart grid, objets connectés, télétravail, vidéo conférence, dématérialisation des documents…
Tout est virtuel, donc la pollution doit l’être elle aussi, non ? Écologie et technologie : le feu vert quoi !
Quand j’achète un ordinateur, quand je sauvegarde mes documents sur le cloud ou que je regarde une vidéo en streaming (pour me renseigner sur la permaculture, c’est promis !), je ne brûle pas de pétrole, je ne vois pas de fumée, je ne crée pas de déchet. Donc je ne pollue pas ! N’est-ce pas ? Malheureusement, si.
L’impact environnemental de la technologie est indéniable.
De plus en plus, les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Informations et de la Communication) sont un secteur de pollution préoccupant. L’empreinte carbone des TNIC serait équivalente à celle de l’aviation civile sur une année, nous prévient l’ADEME (1).
Pour chiffrer, en 2008 les estimations tendaient vers 13,5 % (2) de la consommation électrique de la France, rien que pour les NTIC, soit 5 % des émissions françaises de gaz à effet de serre. 5 %, ça n’est pas énorme. Ce qui est le plus inquiétant en réalité, c’est la tendance.
5 % c’était en 2008, à l’époque où Facebook n’avait que 4 ans, 150 millions d’utilisateurs dans le monde et que YouTube n’existait même pas. Aujourd’hui, Facebook compte plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs, YouTube permet de visionner des milliards d’heure de vidéos par jour, plus de 7 milliards de lignes téléphoniques ont été souscrites depuis 2016 et 1,4 milliards de téléphone ont été vendus en 2015 – des chiffres qui augmentent encore bien trop rapidement (4).
Les nouvelles technologies se développent et se démocratisent à une vitesse fulgurante, de même que leur consommation électrique individuelle qui augmenterait de 10% par an – soit une consommation qui a plus que doublé durant la dernière décennie (3). Même si l’efficacité énergétique s’améliore, notre gourmandise pour des équipements toujours plus rapides, toujours plus puissants et « toujours plus » tout court semble avaler ces progrès.
Pourtant… Suite aux objectifs fixés lors de la COP21 ou des derniers engagements de l’Union Européenne, la France devrait réduire ses émissions de 37 % entre 2005 et 2030. Il faudrait donc mettre un gros coup de frein au développement des nouvelles technologies.
Si on n’est pas prêt à le faire ? Il ne reste plus qu’à tirer un trait sur d’autres sources de pollution : la viande, les transports, la construction de bâtiments…
Est-ce que ça vaut le coup ? Où voulons-nous mettre la priorité ?
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La consommation énergétique des nouvelles technologies peut avoir trois origines principales : l’énergie directe que consomme l’appareil, l’énergie consommée ailleurs par les serveurs et infrastructures et les pollutions indirectes du cycle de vie de l’appareil.
Tout d’abord, celle qu’on visualise assez facilement, c’est l’énergie demandée pour faire fonctionner nos appareils électroniques (#rechargetoniphonetouslesjours). En France, nous avons de la chance : l’électricité est la moins carbonée d’Europe puisqu’elle est à 75% d’origine nucléaire. Mais, c’est en France uniquement. Vous comprendrez qu’écologie et technologie sont encore moins compatibles dans d’autres pays. Je vous laisse imaginer les gaz à effet de serre pour recharger les iPhone Polonais dont plus de 60% de l’électricité vient du charbon (5).
Vous pouvez avoir un aperçu des émissions carbones de l’électricité consommée en Europe sur ElectricityMap.
Ensuite, celle qu’on ne voit pas et qu’on imagine même assez peu : toute l’énergie utilisée pour alimenter les serveurs (les refroidir surtout), entretenir le Cloud et sauvegarder toutes nos données, alimenter les réseaux sans fils, etc. (6) Ces serveurs informatiques sont rassemblés dans d’énormes Data Center à travers le monde.
Les data center sont un gouffre énergétique qui ne peut plus passer inaperçu.
Enfin, les pollutions qu’on appelle indirectes et qui sont liées plus largement à l’ensemble du cycle de vie de l’équipement – de sa conception à sa fin de vie. On inclue donc l’extraction des matières premières (terres rares et métaux en grande partie), très gourmande en énergie, la production, le transport et la fin de vie.
À noter que les ordinateurs et autres matériels informatiques sont majoritairement produits en Asie, ou le kWh émet en moyenne 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’en France (3). Un téléphone fait en moyenne 4 fois le tour du monde entre l’extraction des matières premières et sa commercialisation.
Nous avons là surtout parlé d’énergie, mais le triste bilan entre écologie et technologie ne s’arrête pas là. Il faut également prendre en compte les rejets néfastes dans l’eau, l’air et les sols. Ils ne réchauffent pas forcément la planète, mais en contaminent la biodiversité.
Ce qui préoccupe le plus les industriels et politiques, car cela touche à l’équilibre de l’économie des technologies, c’est l’épuisement des matières premières. Les plus inquiétantes sont les fameuses terres rares dont on entend régulièrement parler et qui sont indispensables aujourd’hui.
On pourra bien sûr demander aux entreprises qui fournissent les services télécoms de favoriser les énergies décarbonées, ou aux hébergeurs d’applications informatiques et propriétaires de serveurs de mutualiser les équipements, améliorer leur efficience énergétique et optimiser le refroidissement voire réutiliser la chaleur produite (3).
Mais nous, à notre échelle, pouvons-nous vraiment faire quelque chose ?
Oui, évidement !
« Je fais déjà, j’ai un ordi certifié faible utilisation d’énergie moi 😀 »
C’est bien, c’est nécessaire, mais ça ne suffit pas. Lorsque l’on analyse par exemple le cycle de vie d’un ordinateur (portable ou de bureau) – c’est-à-dire toute son existence depuis la conception à la fin de vie en passant par la fabrication et l’utilisation – il ressort que la phase de fabrication émet environ 70 fois plus de gaz à effet de serre qu’un an d’utilisation en France ! (3)
À moins d’utiliser son ordinateur 70 ans, le plus polluant est donc la production de l’équipement informatique. Même pour les habitants utilisant une énergie plus carbonée, l’extraction des terres rares a un impact bien au-delà du réchauffement climatique. Il faut donc, non seulement économiser sa batterie et éteindre son ordinateur la nuit, mais surtout allonger la durée de vie de ses équipements et faire des choix plus avertis lors de l’achat… tout simplement pour acheter moins.
L’ADEME a rédigé tout un guide, à destination des entreprises, mais dont les conseils s’appliquent tout à fait à notre utilisation. En voilà mon résumé adapté.
En premier lieu, pour acheter moins, on entretient son équipement pour allonger sa durée de vie.
Afin de limiter au maximum l’achat de nouveaux équipements, plutôt que de s’isoler dans une grotte et se passer complètement d’internet, le mieux reste d’allonger leur durée de vie. Ca passe aussi par la réparation !
Pour vraiment allier écologie et technologie à l’achat, on préférera un objet d’occasion ou reconditionné, qui évitent l’extraction de nouvelles ressources (et font du bien au porte-monnaie !). On les trouve sur le classique Le Bon Coin, mais sans garanties de réparation. Je vous recommande plutôt Recommerce qui est un acteur vraiment fiable sur le marché ; ou Bouygues qui vente également ses process qualité. Ces revendeurs testent le bon fonctionnement du téléphone sur de nombreux critères – ce qui n’est pas le cas entre particuliers. À savoir qu’en moyenne il faut 3 équipements en fin de vie pour faire un reconditionné (3).
À l’achat, on privilégiera :
Mais il ne faut surtout pas changer exprès pour ces performances ! La fabrication est si couteuse en ressources, si émettrice de gaz à effet de serre et polluants que cela ne vaut pas le coup de remplacer un matériel encore utilisable.
Il existe des labels pour vous diriger vers des choix plus responsables, à l’achat de neuf :
Quant à l’écoconception, pour les ordinateurs on cherchera les labels EPEAT ou l’Ecolabel européen ; pour les écrans Energy Star et TCO ; et pour les imprimantes Energy Star et Blue Angel.
A savoir que ce type de label n’entraine en général pas de surcoût, ou 10% tout au plus, pour une réduction de l’énergie variant de 20 à 50% par rapport à un matériel non optimisé – donc des réductions équivalentes sur la facture énergétique !
Il existe quelques bonnes pratiques pour ne pas utiliser trop d’énergie à l’utilisation des nouvelles technologies.
On peut maintenant faire de même sur l’application Messenger et sur certains navigateurs.
En clair, on ne met pas trop de logiciels sur son ordinateur, on supprime ceux dont on ne se sert pas (même ceux qui sont là par défaut, certains ne sont pas indispensables) et surtout, on ne fait pas systématiquement la mise à jour. Attention dans ce cas de garantir une bonne sécurité contre les virus et autres attaques.
J’ajoute un bon conseil qui nous a été soufflé par Pierre en commentaire :
« Petite info qui peut servir… il y a une boite mail « écologique » –> écomail.fr.
Cette boite mail incite à ne pas stocker ses mails et met en place des systèmes pour utiliser le moins possible les serveurs. Elle est payante… 1 €/mois dont la moitié est reversé à des associations de protection de la nature. C’est français et éthique. »
Ainsi s’achève ce petit guide sur l’utilisation des équipements technologiques de manière un peu plus responsables.
En réalité, il y a tant à dire sur le numérique responsable… Mais, pour résumer…
Vous pouvez maintenant faire rimer écologie et technologie ! Pour rester au courant des éco-gestes qui ont un vrai impact, retrouve une communauté d’écolos en quête de sens sur la newsletter.
Et toi, comment choisis-tu ton ordinateur ou ton téléphone ? Les gardes-tu plusieurs années ? N’hésite pas à partager ton expérience en commentaire !
(1) site Bilan GES, consulté en 2019.
(2) Rapport TIC et Développement Durable, CGEDD, CGTI, ARCEP, pour le MEEDDAT, 2008 : http://www.telecom.gouv.fr/fonds_documentaire/rapports/09/090311rapport-ticdd.pdf
(3) Réalisation d’un bilan de gaz à effet de serre : Technologies Numériques, Information et Communication, guide sectoriel, 2012, ADEME et Cigref
(4) https://www.planetoscope.com/electronique/156-ventes-mondiales-de-telephones-portables.html
(5) https://www.electricitymap.org/?page=country&solar=false&remote=true&wind=false&countryCode=PL
(6) Bryan Walsh, 2013, consulté 2019, http://science.time.com/2013/08/14/power-drain-the-digital-cloud-is-using-more-energy-than-you-think/
(7) NTIC et Environnement : Enjeux, Risques et Opportunités, Sylvie Faucheux, Christelle Hue et Olivier Petit, C3ED, 2001
Images sur Pixabay
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Petite info qui peut servir... il y a une boite mail "écologique" --> écomail.fr Cette boite mail incite à ne pas stocker ses mails et met en place des systèmes pour utiliser le moins possible les serveurs. Elle est payante... 1€/mois dont la moitié est reversé à des associations de protection de la nature. C'est français, et éthique. ;)
Merci beaucoup pour cette ressource ! Je vais l'ajouter à l'article :).