Destruction de la planète : contrer les biais de notre cerveau

J’ai eu une discussion très intéressante la semaine dernière sur tout un tas de sujets de société. On a forcément fini par parler écologie, et mon interlocuteur me dit « moi, de toute façon, je ne crois pas en l’humanité ».

Alors je me suis demandée, pourquoi on n’y croit plus ? Pourquoi on ne fait rien ?

Beaucoup de gens ne se décident pas à agir car ils se croient seuls. Pourquoi on ne croit pas en l’humanité pour changer le monde et sauver la planète ? Pourquoi à notre échelle on n’arrive pas à mettre en place les changements qu’il faudrait ? À croire que notre cerveau agit contre l’écologie… Heureusement, tout n’est pas perdu tant que l’espoir est là ! Etat des lieux et solutions dans cet article.

Des messages trop négatifs

Quand on pense écologie on pense à tous ces documentaires catastrophiques qui montrent des mers de plastique, des oiseaux embourbés dans le pétrole et des zones entières asséchées ou déforestées.  Que font ces documentaires ? Exactement comme le journal de 20h à la télé : ils font peur. Ils paralysent. Ils montrent la catastrophe, l’étendue du problème, sans donner aucune solution.
Alors, face au désespoir, notre cerveau humain a une solution toute trouvée : fermer les yeux. Nier. Ne pas voir. Ou alors, répéter des pensées déculpabilisantes :

« De toute façon, on ne peut plus rien faire alors autant profiter de la vie, non ? »

« À mon échelle, je n’aurais aucun impact »

« C’est aux autres de changer. Aux entreprises, au gouvernement, aux Etats-Unis »

« Pourquoi MOI je devrais changer alors que mon voisin, lui, ne fait rien ? »

Et c’est comme ça qu’on se renvoie tous la patate chaude, quand on ne préfère pas carrément faire un barbecue pour se changer les idées (alors que, force est de constater que la viande fait partie des industries les plus polluantes).

Image typique d’un documentaire catastrophe !

Des réflexes naturels

Plusieurs phénomènes sont impliqués :

  • La dissonance cognitive est une réaction protectrice de notre esprit qui né d’une contradiction entre nos croyances et nos actions. En gros, on a beau savoir que la planète se réchauffe, on continue à prendre la voiture tous les matins pour aller au travail. Bien qu’une tension interne en découle, elle reste inconsciente. Et heureusement dans un sens ! Car cela serait trop dur pour nous de voir chacune de nos contradictions.
  • La peur est une émotion archaïque. Elle peut mener à trois états : la fuite, la paralysie, ou l’affrontement. Soit je fuis, c’est-à-dire je ferme les yeux et continue mon train-train quotidien sans rien changer ; soit je suis paralysé-e par la peur, cherche tous les moyens de m’en sortir mais sans rien mettre en place car tout parait vain ; soit je décide de changer, dans l’espoir de gagner le combat avec l’aide de mes allié-e-s. Face au changement climatique, trop de gens « choisissent » (ou ont pour réflexe ?) les deux premières options.
  • L’activation du système de récompense est basé sur 5 motivations fondamentales : trouver de la nourriture, se reproduire, collecter des informations vitales dans son environnement direct, minimiser nos efforts et… être meilleur que les autres. Or, si ces motivations ont servi à Homo Sapiens pour sa survie, elles nous mènent aujourd’hui à la catastrophe. Car tout ce que l’on fait aujourd’hui, toute notre intelligence est mise au service de ces 5 motivations, qui sont sources que de plaisirs immédiats et individuels mais pas forcément de prospérité globale.
  • Une autre invention de notre cerveau : la résistance au changement. Concrètement, notre cerveau veut notre survie. Or, individuellement, chaque cerveau se dit « ce que j’ai fait toute ma vie m’a permis de survivre jusqu’à présent. Parfait, je valide. On ne change rien ! ». Et c’est pour ça qu’on a tant de mal à mettre en place de nouvelles habitudes qui auraient un impact énorme, comme passer au zéro déchet ou manger de saison.

Le manque d’informations

On s’est habitué à recevoir l’information qu’on nous donne, à la télé, dans les journaux ou à l’école. Les gens n’ont pas assez la démarche active de chercher l’information, croiser les sources, nuancer les faits, tenter de dénouer le vrai du faux etc. Or, il n’est pas dans l’avantage des entreprises de parler pollution et écologie ! L’industrie de la viande n’ira pas vous dire combien le bœuf pollue et une agence de tourisme ne vous mettra pas en garde du bilan carbone de votre voyage. C’est pourquoi il est essentiel de chercher par nous-même.

La difficulté de comprendre ces informations

Mais quand on le fait, on a énormément de mal à visualiser la réalité des choses.

D’une part parce qu’il est difficile de se représenter des chiffres aussi énormes que 5 millions de tonnes d’emballages (1) mis sur le marché français chaque année ou les 316 millions de tonnes de dioxyde de carbone que la France a émis en 2017 (2). Alors de là à faire le lien entre son voyage à Tahiti et le réchauffement de la planète, il y a un gouffre de 12 millions de km !
D’autre part parce qu’on n’est peut-être tout simplement pas fait ni pour manipuler des données si grandes, ni pour voir à long terme. Si on considère la théorie de l’évolution de Darwin, notre cerveau a évolué pendant des milliers d’années pour s’adapter à un mode de vie de « fourrageur ». Grossièrement, on vivait au jour le jour, cueillant ce qui se présentait et se déplaçant quand il n’y avait plus assez. On vivait par petits groupes et l’espace accordé à chaque groupe était si grand qu’il était très rare d’épuiser l’ensemble des ressources disponibles. Du coup, il aurait été inutile de développer des capacités de réflexion sur 100 ou 1 000 ans. Au-delà d’une vie humaine, pas besoin de prévoir. Mais notre mode de vie actuel a malheureusement des impacts à bien plus long terme !

La pression qu’on se met, qu’on nous met…
Image by Gerd Altmann from Pixabay 

Un mode de vie écolo trop exigeant

Zéro Déchet… Végan… Défi rien de Neuf… ces appellations ne sont que des horizons et doivent le rester ! Ces modes de vie sont difficiles à atteindre dans nos sociétés actuelles et demandent bien des adaptations, des sacrifices parfois. On peut le faire sainement, progressivement et avec plaisir. Le problème c’est que, trop souvent, on veut tout faire d’un coup, donc on finit par ne rien faire.  Et même quand on a bien progressé, on se flagelle sur les derniers pas qu’il nous reste à faire alors qu’on aurait bien plus d’impact en allant inspirer notre entourage à faire les 10 premiers pas.

Et du coup, on fait quoi ?

Bon, avec cette liste, je fais tout ce que je dénonce (c’est-à-dire peur)… donc place maintenant aux solutions !

S’informer par soi même

Il est important de s’informer, continuellement, en tachant de remettre en question et de nuancer ce qui est dit. J’espère avec ce blog participer à cette mission, en vous donnant des informations factuelles et leurs sources mais n’hésitez pas à me questionner et à confronter d’autres sources !

Bon on peut aussi aller sur internet, c’est plus rapide…
Image by StockSnap from Pixabay 

Avoir des ordres de grandeurs concrêts en tête

Avoir des ordres de grandeurs permet de comparer et donc mieux visualiser certains chiffres clés. Par exemple, 1 km de voiture émet entre 230 et 330 g de CO2 équivalent par passager et par km (3), un trajet Paris-Montpellier fait 750 km, ou encore un cheval pèse environ 500 kg et un éléphant 5 tonnes. Mais surtout, on peut raisonner à notre échelle tout simplement en se demandant : si tout le monde sur Terre faisait comme moi, est-ce que cela serait tenable ?

S’entourer d’informations positives !

Arrêtons de regarder la télé pour se voir annoncer la mort de 3 personnes à l’autre bout du pays. Si nous ne pouvons rien y faire, cela participe juste à créer des tensions internes et un climat de peur… Regardons plutôt des initiatives écologiques locales, cherchons les progrès, les portes de sortie. Pourquoi le film Demain a si bien marché (d’ailleurs, si vous ne l’avez pas encore vu, je vous invite à y remédier au plus vite !) ? Parce qu’il apporte (enfin) un point de vu positif à l’écologie. Il propose des solutions concrètes, locales, que l’on peut vraiment visualiser et mettre en place. Dans le même temps, il montre combien les personnes impliquées dans cette démarche sont épanouies. Bref, il donne envie et il donne les moyens.

Trouver de nouveaux circuits de récompense

De ces informations positives devrait découler une envie de changer les choses, non pas par contrainte mais par réel plaisir. Savoir raisonner ses plaisirs immédiats, ses motivations fondamentales, pour des actes créateurs de valeur pour la société : tel devrait être le nouveau paradigme. Ainsi, mettons collectivement en avant le partage et l’entraide, valorisons socialement la protection de l’environnement, apprécions le calme et la frugalité… Pour sauver la planète, et avec le sourire ! 

S’autoriser à avancer pas à pas vers un horizon bien défini

Passer au zéro déchet du jour au lendemain, personne n’en est capable. De même, devenir végétarien pendant la nuit, juste parce qu’on l’a décidé, est très difficile. Plutôt que se mettre la pression, pourquoi on ne déciderait pas de mettre en place un petit changement par jour, par semaine ou par mois ? Pourquoi on ne se féliciterait pas de nos progrès plutôt que voir tout le chemin qu’il nous reste à parcourir ?

Avancer vers un horizon désirable
Image by Jason Wagner from Pixabay 

S’entraider, s’entourer, partager, communiquer…

Ce point là, j’y tiens !

On avance plus facilement quand on s’entoure de personnes avec le même état d’esprit car on s’inspire les uns des autres. De plus, on voit qu’on n’est pas seul et que ce que l’on fait, collectivement, a un impact ! Ne vous arrêtez pas là et… Communiquez par tous les moyens : en vous engageant dans une association, en partageant à vos amis des articles inspirants, des recettes ou des astuces, en montrant l’exemple… pour que son éco geste devienne l’éco geste de toute sa famille, puis de tous les amis de la famille, puis des collègues des amis de la famille etc. bref, vous avez compris !

“Montrer l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul

Gandhi

Apprécier ses changements

Soyez heureux de découvrir de nouvelles choses et de faire du bien à la planète ! Soyez épanoui dans le processus, cela donnera envie à votre entourage d’en faire de même 😉  

Image by Moni Mckein 

Pour conclure

Pour conclure, je ne peux que vous dire d’éteindre la télé (sauf si vous regardez un documentaire inspirant) et de passer à l’action ! Arrêtez de voir la peur et voyez plutôt l’espoir, les solutions et un avenir désirable.

Et toi, comment protèges-tu notre belle planète ? Partage en commentaire tes sources d’inspiration, tes prochains petits objectifs et tes dernières découvertes d’écolo-heureux !

Sources

  1. Association FNE : France Nature Environnement, partagé par Zero Waste France
  2. Planetoscope : https://www.planetoscope.com/co2/821-emissions-de-co2-en-france.html
  3. Base carbone ADEME

0 commentaire pour “Destruction de la planète : contrer les biais de notre cerveau”

  1. Il faut être conscient que chacun de nous à notre niveau nous ne changerons rien mais il est quand même indispensable d’adopter la vision du colibri qui œuvre malgrè sa minuscule taille à éteindre l’incendie avec l’infime quantité d’eau contenue dans son bec.

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